Il y a un an, le dessinateur de presse Jean Cabut a été assassiné par des terroristes, lors de l'attentat du 7 janvier 2015 commis à l'encontre du journal satirique Charlie Hebdo. Un an déjà que notre papy de la résistance nationale nous a quittés, voici un ultime hommage pour ce pacifiste militant qui toute sa vie a combattu l'intégrisme religieux à l'aide de son crayon.
On retiendra de Cabu son éternel air d'adolescent attardé ainsi que ses lunettes rondes et sa coupe au bol vestige de sa jeunesse et des années qui passent. Mais Cabu n'était pas seulement un caricaturiste de génie, il était aussi un athée convaincu et un anticlérical cinglant. S'il se défiait de toutes les religions c'est qu'il les soupçonnait d'être potentiellement des foyers d'intolérance et de haine. Comme il avait raison… De ses premiers dessins dans « Hara Kiri » l'ancêtre de Charlie, au début des années 60, on se souviendra de la manière dont il s'était moqué de l'intégrisme catholique avec « Le journal de Catherine » une BD qui représentait une pensionnaire du couvent des Oiseaux. C'est pourquoi, il n'y a rien d'étonnant à ce qu'il se soit senti solidaire à l'égard des dessinateurs du journal danois « Jyllands-Posten » lorsque ces derniers firent l'objet d'une fatwa pour avoir publié des caricatures dites blasphématoires sur le prophète Mahomet. Et c'est même lui qui prit l'initiative de dessiner la couverture du numéro spécial de « Charlie Hebdo » où étaient reprises ces caricatures. Parce qu'avec Charlie, les dessinateurs défendaient la démocratie. Selon eux, les mots : liberté, égalité et fraternité ont un sens, ils ne sont pas vains. Cabu disait qu'il se battait contre les prétentieux et les puissants, car qui peut affirmer définitivement que Dieu existe ? Personne. Puisque Cabu défendait le droit au blasphème. Il aurait aimé une société avec plus de dialogue et moins de pouvoirs.
Cabu, c'est une icône, un dessinateur à la carrière de plus de 60 ans. Né à Châlons-en-Champagne, le 13 janvier 1938. Jean Cabut a débuté dans le journal de son lycée « Le Petit Fum's » avant de publier ses premières illustrations dans le quotidien régional « l'Union de Reims » dès l'âge de 16 ans. Il monte à Paris en 1954 et poursuit ses études à l'école d'Estienne en 1956. Son premier dessin parisien est pris dans l'hebdomadaire « Paris Match », le 13 avril 1957. Cabu a dix-neuf ans, et illustre la vie des collégiens et collégiennes. Puis, il affine son art durant son service militaire, en collaborant simultanément au journal de l'armée « Le Bled » tout en continuant chez « Paris Match ». Lorsqu'il est démobilisé, son style est désormais celui que nous lui connaissons, un trait précis, à la fois élégant et cruel, un sens aigu de la dérision et une verve sans failles. Il entre à « Hara Kiri », le mensuel satirique bête et méchant tout récemment fondé par Cavanna et le professeur Choron, dont il devient aussitôt l'un des principaux piliers. En 1969, il s'intègre tout naturellement à l'équipe de « Hara Kiri Hebdo » le prolongement politique du même journal, qui deviendra Charlie après son interdiction en 1970 et son renouvellement en 1992.
C'est à travers Charlie, qu'il s'exprima le mieux jouant avec sa verve humoristique et son coup de crayon inimitable. Ce doux anarchiste n'avait pas son pareil pour dénoncer le conformisme et la bêtise d'une époque qu'il exècre, lui le fan de Jazz. Ses cibles préférées rassemblent les militaires et les dignitaires religieux mais également les racistes et les riches profiteurs. Tous ceux en somme qu'il nomme les beaufs et dont il ne se lasse pas de fustiger l'égoïsme. Parallèlement, il crée le personnage du grand Duduche qui représente l'accomplissement de toute son œuvre. Parce que si son personnage s'insurge devant l'absurdité et la violence du monde c'est peut-être parce qu'il incarne une autre facette de lui.
Finalement, Cabu c'était aussi l'idole de jeunes qui avaient grandi avec lui devant le club Dorothée mais il était surtout le dessinateur préféré de mon grand-père fervent admirateur du Canard Enchaîné où Cabu dessinait depuis 1982. Il est mort le 7 janvier 2015, six jours avant son 77e anniversaire, s'il avait vécu il aurait fêté ses 78 ans cette année. Il a été assassiné par ceux-là même dont il avait toujours combattu le fanatisme, la violence aveugle et la stupidité.
Anaïs Marinier, article issu d'un devoir à l'IICP

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